III)
les modalités que pourrait prendre une gestion durable des ressources
en eau : Comment gérer une ressource essentielle, convoitée et parfois
menacée qui peut être facteur de tensions, rivalités et conflictualités ?
A) Encadrer sa consommation et maintenir la qualité de la ressource :
Veiller à ne pas procéder à des prélèvements excessifs:
puiser dans des nappes fossiles entraine un épuisement progressifs des
stocks d’eau. Deux exemples permettent de comprendre les limites qui
sont posées : la Libye tire 90 % de son eau des nappes fossiles, ce
n’est pas soutenable et durable à moyen terme. En outre, l’assèchement
de la mer d’Aral nous montre comment l’excès de prélèvement peut
conduire à des solutions insoutenables à court terme.
Veiller à réduire les menaces sur la qualité des eaux et à la préserver
agents
polluants (déchets des villes, nitrates agricoles...). L’eau rejetée
est non seulement impropre à la consommation, mais risque également de
polluer les eaux dans lesquelles elle se déverse (ex : les algues vertes
en Bretagne à cause des nitrates ; pollution des nappes phréatiques par
infiltration de ces nitrates issus des lisiers porcins épandus...).
Mauvaise qualité de l’eau du robinet dans les régions d’élevage
intensif.
- L’UNESCO estime que 70% des effluents industriels dans les pays en développement sont déversés dans la nature sans traitement préalables Le secteur agricole est l’un des principaux utilisateurs de
l’eau et contribue donc à la pollution des sols et des eaux notamment
via son usage d’engrais (nitrates et phosphates) et de pesticides. Le
risque est d’accroitre la concentration de la
pollution dans les eaux et de la rendre de plus en plus impropre à la consommation mais aussi à
l’irrigation, questionnant ainsi
la qualité des aliments qu’elle permet de produire et fermant le
cercle vicieux
Accroître l’assainissement et son accès
L’assainissement et la qualité de l’eau sont un enjeu sanitaire et social: lutte contre les maladies hydriques
«
Le Gange indien reçoit 1,1 million de litres par minute d’eaux
Préserver une eau en quantité et en qualité suffisantes implique de modifier nos pratiques
la
consommation en eau par habitant ne cesse de croître , alors même que
la population croît également dans des proportions importantes. Il faut
nécessairement changer nos pratiques => réaliser des économies dans
la consommation d’eau
Encadrer la marchandisation de l’eau et ses conséquences : L’eau, marchandise ou « bien commun » ?
L’eau
est-elle un bien comme un autre, une « marchandise » que l’on peut
vendre dans le cadre d’une distribution par le marché ? Dans un livre
récent , Antoine Frérot attaque « deux fausses bonnes idées : la gratuité de l’eau et le paiement complet par l’abonné » et défend « le juste milieu : un prix de l’eau socialement abordable ».
À
l’opposé, de nombreuses ONG, voire certains organismes de l’Onu comme
le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), militent
pour l’idée que l’eau est un « bien commun ». Elle doit donc être
l’objet d’une réflexion et d’une gestion différente, non marchande,
articulant les organismes publics et privés dans des cadres nationaux,
régionaux, multilatéraux et, à l’échelle mondiale, dans le cadre
normatif de l’Onu ou d’une institution spécialisée ad hoc par exemple.
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre l’appel fait lors du Forum mondial de l’eau à Istanbul, début mars 2009 : «
Les ressources consacrées à l’eau sont minuscules comparées aux sommes
investies dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ou
la crise financière (…). L’eau devrait être au cœur des politiques agricoles, énergétiques, de santé, d’infrastructures d’éducation (…).
Les gestionnaires de l’eau sont convaincus, mais ce ne sont pas eux qui
prennent les décisions. C’est aux chefs d’État et de gouvernement de
s’emparer du sujet. » (Olcay Ünver, coordinateur du rapport final du forum d’Istanbul).
B) Considérer, encadrer et traiter les tensions liées à son statut de ressource convoitée
Eviter et encadrer les conflits d’usage liés à l’eau
Considérer
l’eau comme un enjeu des tensions, rivalités et conflictualités
internationales et élaborer des solutions pour les diminuer et partager
la ressource de manière équitable
L’eau
est parfois disputée entre des pays quand leurs disponibilités sont
limitées et dépendent de la même source, c’est-à-dire la majeure partie
du temps un fleuve; 40 % de la population mondiale dépendent des
ressources d’eau partagées par plusieurs pays. Exemple : barrages en
Turquie # Syrie, Jordanie, Israël, Irak; Israël # territoires
palestiniens (ou Palestine) ; l’Égypte (Nil) dépend à 97 % de l’étranger
(Soudan...) pour son approvisionnement en eau.
Le
pays en aval peut voir le débit du fleuve et la qualité des eaux
baisser en raison du pompage qui en est fait en amont. Des tensions
peuvent aussi apparaître quand un pays pompe excessivement dans une
nappe fossile partagée par plusieurs États (ex : la Libye). L'ONU a fait
une « proposition de loi sur les usages non liés à la navigation sur
les fleuves internationaux » en 1991, qui définit le droit de tout État
d’un » bassin fluvial international » à une « utilisation équitable et
raisonnable » de l’eau du bassin.
L’accroissement des situations de pénuries notamment dans les zones mégapolitaines intensifie les tensions à l’échelle mondiale
L’hydroconflictualité potentielle dans le monde s’accroit
Définition d’Hydroconflictualité:
Définition d’Hydropolitique:
Définition d’Hydrodiplomatie:
L’eau, une cause de guerre ou de tensions géopolitique ?
Les
ressources en eau sont au centre de tensions géopolitiques croissantes
au point quelle Forum mondial de l’eau de l’ONU en a fait l’un de ces
thèmes principaux de réflexion. Un certain nombre d’éléments militent en
effet pour cette hypothèse.
Les facteurs d’aggravation
-
la pression démographique se fait plus forte (la population mondiale va
encore augmenter de plus de 2,5 milliards de personnes dans les
quarante ans à venir) d’où un accroissement des besoins. 90 % des trois
milliards d’habitants de la planète qui vont se rajouter à la population
mondiale d’ici 2050 se trouveront dans des pays en développement où
l’accès à l’eau potable et à l’assainissement n’est déjà assuré que de
façon limitée et précaire.
À
court terme, c’est 340 millions d’Africains qui n’auront toujours pas
d’accès à l’eau en 2015 et 2,4 milliards d’individus qui, à l’échelle
planétaire, n’auront pas accès à un service d’assainissement minimal.
- Sans
compter bien sûr que ce sont les pays du Nord qui auront les moyens de
construire les espaces permettant de gérer les dimensions sanitaires du
changement climatique et de ses conséquences sur les ressources en eau.
- la demande de niveau de vie à l’occidentale et le phénomène d’émergence accentuent ces pressions sur les ressources
- le changement climatique va exacerber encore les concurrences potentielles
Ce ne sont pas moins de 260 bassins fluviaux qui sont partagés entre deux ou plusieurs États.
Déjà
des tensions se font sentir. C’est, entre Israël et la Syrie, la
question du contrôle du plateau du Golan, au nord-est du lac de
Tibériade : annexé en 1981, Israël considère le plateau comme une région
à part entière. Une partie des affluents du Jourdain y trouve leurs
sources, et Israël y puise 35 % de son alimentation en eau.
On
retrouve ces mêmes tensions géopolitiques entre l’Égypte et le Soudan
sur le Nil, entre la Turquie, la Syrie et l’Irak pour le partage des
eaux du Tigre et de l’Euphrate, mais aussi entre les États-Unis et le
Mexique sur les eaux du Colorado (encadré ci-contre).
Malgré
tout, cette liste est déjà révélatrice des limites de l’analyse de
futures guerres pour les ressources en eau. Ces litiges n’ont, jusqu’à
présent, presque jamais débouché sur des conflits ouverts à grande
échelle. Et tous les pays concernés sont lancés depuis plusieurs années
dans des processus de discussion et de coopération qui fonctionnent très
correctement. Les États et les acteurs internationaux ont tout intérêt à
privilégier les partages négociés et non les épreuves de force : le
dérèglement climatique en cours – de même que la crise financière –
rappelle chaque jour que, dans la « société du risque » (Ulrich Beck),
il n’est plus possible de se débarrasser des tensions sur ses voisins,
car celles-ci reviennent en boomerang sur ceux qui les produisent.
L’utilisation
rationnelle des ressources en eau suppose une lutte contre les
gaspillages. Elle repose aussi sur l’amélioration des techniques
d’irrigation, de distribution et de traitement. Une meilleure
coopération entre les Etats est enfin impérative, pour assurer un
développement aussi durable qu’efficace. Plus qu’une pénurie d’eau,
c’est le donc le manque d’infrastructures et une mauvaise gestion de la
ressource qui pénalisent les sociétés humaines
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire